Membre du conseil d’administration de la Chance aux concours et Responsable de la rubrique monde à L’Express, Marc Epstein pense que l’avenir des rédactions passe par la diversité.

Marc Epstein a promené son fin regard bleu-vert dans toute l’Asie. Ses reportages pour L’Express l’ont conduit en Afghanistan, en Inde, au Pakistan, en Chine, au Japon, ou encore en Corée du Nord. “Malgré moi, je dois véhiculer le fantasme du grand reportage à la Tintin”, sourit l’actuel rédacteur en chef du service monde de l’hebdomadaire.

Pourtant, loin d’entretenir les idées reçues, ce journaliste chevronné cherche avant tout à transmettre des techniques de base aux étudiants de la Chance aux concours (CAC). “Écrire court, incarner. On explique tout cela à la CAC”, commence Marc Epstein. “Outre le comment, je m’attache aussi à expliquer le pourquoi. Le journaliste écrit pour être lu. Je convoque souvent ma maman dans mes cours pour faire comprendre qu’il faut s’adresser au lecteur”, confie-t-il, l’oeil rieur. “Je crois que l’exemple de ma maman a eu beaucoup de succès”.

En dehors des séances qu’il anime, Marc Epstein est également l’auteur du vade-mecum de la CAC. Il lui arrive aussi de proposer des stages aux étudiants. Une démarche qui profite à tous. “Les stagiaires de la CAC font l’unanimité au journal”, assure-t-il. “Catherine Gouëset, la journaliste qui s’occupe de la rubrique monde au web, a remarqué qu’ils étaient différents des autres. Ils sont plus bosseurs, volontaires. Ils portent une espèce de feu sacré”, assure Marc Epstein. “Ce sont des éléments prometteurs. C’est donc dans l’intérêt des rédactions que nous les aidons”.

Marc fait également partie des jurys qui sélectionnent les étudiants chaque année. “Nous retenons des gens qui en veulent. Souvent, les étudiants de la CAC sont des battants. Cet aspect de leur personnalité est déjà une grande qualité journalistique”, assure le reporter, qui s’improvise chasseur de têtes pour l’occasion. “Pendant les oraux, je mets à l’épreuve la motivation, la détermination, et surtout l’intérêt pour l’autre”, détaille-t-il.

Des rédactions pas assez représentatives

Cette curiosité, Marc Epstein la vit depuis l’enfance. Né en 1960 à Londres d’un père juif allemand ayant fui le régime nazi et d’une mère catholique “blonde aux yeux bleus”, il arrive à Paris à l’âge de 12 ans. Alors que la situation de sa famille est confortable — “je suis ce qu’on peut appeler un fils de bourgeois”, il insiste pour travailler l’été. Il devient coursier, réceptionniste dans un hôtel de passe, distribue des prospectus, réalise des sondages téléphoniques et emballe des jouets. “Je n’avais pas besoin de travailler l’été, mais j’étais curieux”, explique-t-il.

Sans doute parce que je suis né en Grande-Bretagne, je pense qu’au sein de n’importe quelle entreprise ou communauté, il faut une diversité qui soit visible”. Pour lui, les rédactions ne sont pas assez représentatives. “Or, c’est capital pour les journaux, qui sont censés être le miroir de la société”, affirme-t-il. Prenant l’exemple de L’Express, il regrette “la faible proportion de provinciaux” et le caractère “monochrome” de la rédaction. “L’idée d’intervenir bien en amont, avant les concours, m’a semblé lumineuse.

Pourquoi aider les boursier ? “Souvent, les boursiers ont moins accès aux sources d’information qui permettent de préparer les concours. Nombre de candidats ont un parent journaliste. Même quand ce n’est pas le cas, les familles aisées peuvent avoir recours à une prépa privée”, analyse Marc Epstein. De plus, observe-t-il, de nombreuses épreuves, comme la culture générale et l’anglais, peuvent être discriminantes. “La CAC bétonne ces domaines.

Malgré un emploi du temps chargé, Marc Epstein assure qu’il trouve toujours le moyen d’être disponible pour la CAC. “M’investir dans l’association est un réel plaisir. J’ai le sentiment d’agir dans le bon sens, de manière concrète et utile. Cette pensée me fait du bien.

Gokan Gunes