Arnaud Gonzague sort du Centre de formation des journalistes (CFJ) en 2000. Avec Baya Bellanger, David Allais et Renaud Honoré, il participe à la fondation de La Chance aux concours (CAC) sept ans plus tard. Il y est notamment en charge des tests de culture générale.

La culture a horreur des clichés et Arnaud Gonzague leur tord le cou. En tant que référent culture générale à La Chance aux concours (Cac), il pourrait venir d’un milieu mondain : la cuillère en argent dans la bouche dès ses premières années, bercé par Beethoven, nourri de Molière et feuilletant Racine à l’âge de raison. Au risque de décevoir, son cursus n’est en rien semblable à cela. Fils d’ouvrier, il se retrouve au cours de ses études dans un milieu très différent du sien : « il n’y avait pas beaucoup d’étudiants qui venaient de familles modestes, il y avait beaucoup de fils à papa », explique t-il.

La culture serait-elle une capacité innée, uniquement présente dans la haute société, à comprendre la bourgeoisie ? Selon Arnaud : « On a tendance à penser que cette culture nous regarde un peu de haut, de façon snobe. Mais ce n’est pas le cas ! J’ai toujours été attiré par la culture, je pense que c’est ça qui m’a sauvé, qui m’a sorti de mon milieu. »

Jeune déjà, il aimait la littérature, le cinéma, la bande dessinée, la peinture… Et spontanément, sans trop le savoir, il passait sa vie à la bibliothèque (aujourd’hui médiathèque) André Malraux de maison Alfort (94) : « je te dis pas comment j’étais fun et glamour comme garçon » ironise t-il avant de poursuivre : « après j’ai compris à quel point tout ce que j’avais accumulé en connaissance des arts graphiques, de la littérature, m’a énormément servi. »

Puis il y avait cette idée que pour plus d’égalité dans le système scolaire, il fallait mettre tout le monde à la même échelle : le concours. Ce système semblait très égalitaire. Faux ! Prenez 1 personne de 1m60 et une personne de 1m80. Donnez-leur la même chance de voir au-dessus du mur de 2m (pour plus d’égalité chacun aura un tabouret de 25cm). Résultat, nous ne sommes pas plus avancés dans l’égalité : « tu peux faire 12 concours différents, le fils d’ouvrier sera toujours désavantagé par rapport à un jeune issu d’un milieu favorisé ! » explique t-il.

Lorsqu’il fait la rencontre de Baya Bellanger, il constate qu’elle partage la même volonté de lutter contre cet à priori et décide de créer avec elle, en s’entourant de Renaud Honoré, puis de David Allais, la première préparation gratuite aux concours d’entrée aux écoles de journalisme pour étudiants boursiers, La Cac est née.

Au sein de l’association, il souligne ce qu’est avant tout la culture générale : « avec la culture générale, en fait tu comprends que ce qu’on vit aujourd’hui c’est un film d’actualité. L’actu, la culture, les réactions des gens sont inscrites dans un patrimoine. Notre rôle à nous, journalistes, n’est pas que de couvrir, c’est aussi de comprendre qu’il y a un patrimoine derrière. La culture c’est pas juste pour briller dans les dîners. C’est ce qui fait qu’on en est arrivés aujourd’hui, en 2016, à ce point là. »

A chaque rentrée, les nouvelles recrues de la CAC se confrontent à son discours et au premier test de culture générale. C’est grâce à cela que la plupart entreront réellement et directement dans l’esprit concours : « cette année sera particulièrement difficile, il vous faudra être au point sur tout ce qui a trait à la culture générale. Ceux qui pensent valider un master : dîtes-vous qu’à un moment il faudra choisir…. ». Lorsqu’on lui dit qu’il est perçu comme le tortionnaire de la préparation, Arnaud répond : « Je suis le tortionnaire le plus malheureux d’être un tortionnaire. Ce n’est pas une épreuve de bizutage ! On repère les lacunes et on repart, je dis aux élèves ‘il va falloir bosser, ne vous démotivez pas !’ Que t’aies 5/20 à mon test de culture on s’en fout. Tu vas assurer le jour du concours car ce test de culture que tu as raté, il sera devenu ta fiche et tu l’auras potassée. »

A la portée de tous, la culture est un plus, voire une nécessité. Arnaud et tant d’autres ne le répéteront jamais assez : « un journaliste pas cultivé n’est pas un journaliste complet. »